Au carnaval masqué ohé, ohé !

Au carnaval masqué ohé, ohé !

Au carnaval masqué ohé, ohé !

De Rio à Venise, en passant par Dunkerque et Nice, ces villes vivent au rythme des cliques et des défilés, des déguisements et des lanternes, des cris joyeux et de la musique débridée, de l'élection des rois et reines de la nuit....

 

Au commencement était la fin... de l'année !

Héritier de rituels antiques tels que les Lupercales romaines ou les Saturnales qui symbolisait le passage d'une ancienne à une nouvelle année, le Carnaval sera, comme tant d'autres fêtes, récupéré et associé au calendrier chrétien. Il se déroulera dès lors entre l'Epiphanie, le 6 janvier, et le Mardi gras, entre le 3 février et le 9 mars.

Le mot Carnaval vient de l'italien "carnevale" ou "carnevalo" tout en ayant conservé son étymologie latine : "carnis levare", c'est à dire "enlever, ôter la viande, la chair". Il signifie donc littéralement "entrée en carême". Il apparaît sous cette forme en français en 1549, pour exprimer le sens de "fête donnée pendant la période du carnaval".

 

Haut les masques !

Le déguisement, et dans bien des cas le masque, sont bien sûr des éléments essentiels du Carnaval. Ils assurent l'anonymat de l'individu qui se fond dans le groupe et marquent une rupture avec le quotidien. On adopte un nouveau rôle, un autre comportement, le temps du Carnaval.

 Les costumes sont souvent signe d'un certain statut social, pauvre ou riche, tandis que les masques représentent des êtres surnaturels, démons, esprits de la nature.

À la fin du Carnaval, tout reprend sa place, et l'ordre règne à nouveau, symbolisé par les "funérailles" du carnaval qui souvent consistent à brûler le "Roi Carnaval", représenté par un mannequin ou une poupée de chiffon.

 

Quatre carnavals parmi les plus célèbres !

Le Carnaval de Rio : samba, samba !

Le plus connu et le plus riche du Brésil, il attire tous les ans des milliers de touristes. Et pour cause... Son organisation est gigantesque ! Les écoles de Samba se préparent toute l'année afin de participer au défilé sur l'avenue "Marquês de Sapucai", appelée aussi le "Sambodromo", aménagée pour recevoir les spectateurs. Auparavant, les défilés des écoles de sambas étaient très spontanés. Ce n'est qu'à partir de 1963 qu'on a commencé à vendre des entrées pour assister aux défilés. C'est aujourd'hui plutôt une fête de luxe qui n'est pas forcément accessible à tout le monde, y compris lorsqu'on y participe. On économise parfois toute une année pour pouvoir payer les costumes et défiler. Le défilé est un véritable concours. Il a lieu entre les différentes écoles de samba. L'école choisit un thème et organise avec soin sa présentation, le choix de la samba-enredo (chanson), des costumes et des chars. 

Histoire du Brésil, d'une région ou même de l'humanité, vision du futur, sécurité routière, ADN... en fonction du thème retenu, chaque école rivalise alors d'audace et d'imagination. On s'entraîne toute l'année, on chante les "enredos", au rythme des percussions et on se prépare comme pour une compétition afin de remporter la victoire. Une déferlante éblouissante de danse, de musique, de paillettes et de rythmes ! "Si on va à Rio", une chose est sûre, on en prend plein les yeux et les oreilles et on rêve tout éveillé, tout émerveillé même. Le Carnaval de Rio a lieu les premiers jours de février.

 

Le Carnaval de Venise : la fête, incognito !         

Fête traditionnelle italienne datant du Moyen Âge, le Carnaval de Venise attire des foules considérables venues du monde entier.

Dès son origine, il visait à abolir les contraintes sociales : le riche devenait pauvre et vice versa. Aujourd'hui encore, le port du costume et du masque permet une liberté inconnue pendant le reste de l'année et l'on peut transgresser certaines règles sans se faire reconnaître : on peut mentir sur sa classe sociale, son sexe, sa religion et on choisit souvent la classe "inverse" à la sienne.

Le déguisement traditionnel est "la bauta". Inspiré de la "Commedia del arte", il comprend le "tabarro" (la longue cape noire vénitienne), la "larva" (masque blanc) et le tricorne. La forme particulière du masque permet de manger et de boire sans avoir à l'enlever. On retrouve aussi le costume d'Arlequin. Cet habit à losanges multicolores à des origines médiévales. Au XVIe siècle, loin d'être élégant, c'était un simple habit rapiécé pour figurer les haillons d'un mendiant. Un autre costume typique, "la Gnaga".

Il est composé de vêtements féminins et d'un masque de chat. La personne déguisée porte également un panier (qui contient habituellement un chaton), tout en émettant des sons stridents et en miaulant de façon moqueuse. Même s'il fut souvent contesté au fil du temps (afin de rétablir la morale et les bonnes mœurs que les porteurs étaient censés perdre en étant anonymes), le masque est bien la star du Carnaval de Venise. Lors du dernier week-end du Carnaval, un jury international récompense d'ailleurs "le plus beau masque". Le Carnaval de Venise, un état d'esprit tout entier. C'est le lieu de la séduction, du plaisir de vivre et de la transgression. Un monde fantasmagorique, très impressionnant et souvent silencieux. L'ambiance, le décor, la place Saint-Marc, le pont des soupirs, les ruelles, les canaux, les costumes... tout participe à nous faire vivre un moment enchanteur, inoubliable. Il commence 10 jours avant le mercredi des Cendres et se poursuit jusqu'au Mardi gras.

 

Le Carnaval de Dunkerque : "T'es de ma bande !?"

Le Carnaval de Dunkerque trouve son origine au début du XVIIe siècle. Les armateurs offraient aux marins-pêcheurs qui partaient pour l'Islande un repas et une fête appelée la "Foye". Le "Clet'che" ou "Klet'che" est le costume du Carnaval de Dunkerque.

Constitué auparavant de tissus de récupération et même, de sacs à patates, il est aujourd'hui plus sophistiqué et plus coloré. Ce qui ne change pas, c'est l'esprit de dérision. Fifres, tambourins et cuivres : dès les premiers accords de musique, on est dans l'ambiance. Les bandes, groupe de carnavaleux d'un quartier, d'une ville, défilent dans les rues derrière la "clique" (les musiciens), conduite par un tambour-major. Les carnavaleux se retrouvent également pour les bals. La nuit, dans les grandes salles de l'agglomération, la fête bat son plein en mêlant chansons carnavalesques et musique contemporaine... le tout au profit d'associations. Le "chahut" est le moment le plus physique. Tandis que les cuivres entament une chanson entraînante, les premières lignes se bloquent et retiennent les milliers de "masquelours", les carnavaleux , qui poussent et sautent. Pendant le carnaval, on fait aussi "chapelle". Une chapelle carnavalesque n'a rien de religieux, c'est une maison dans laquelle des Dunkerquois invitent les carnavaleux à se restaurer : bière, rosé, soupe à l'oignon, convivialité et musique sont au menu. Le jeu est de se faire inviter dans des chapelles où l'on ne connaît personne. A la fin de la bande a lieu le "rigodon". Moment intense sur la place principale de la ville, c'est un chahut ininterrompu d'une heure autour d'un kiosque. Le rigodon se termine par la Cantate à Jean Bart : chapeau sur le cœur, à genoux face à sa statue, les carnavaleux chantent à la gloire du célèbre Corsaire, héros de la ville. Le Carnaval de Dunkerque se déroule pendant plus de deux mois aux alentours du Mardi gras.

 

Le Carnaval de Nice : la grande fièvre de février !

Plus grand carnaval de France et l'un des plus célèbres du monde, il attire plusieurs centaines de milliers de spectateurs.

Dès que le thème du Carnaval est connu, la "carnavalina", la fièvre, s'empare des participants. Entre exaltation de la conception, recherche des idées, étincelle créatrice, il faut dessiner et peindre le sujet, char ou grosses têtes. Puis, le sculpteur va modeler les visages avec de l'argile et fabriquer le moule de plâtre avant le modèle définitif, en carton pâte. Il ne reste plus qu'à peindre et habiller de couleurs éclatantes. Le Roi Carnaval brûle ! Le vendredi soir, avant que tout ne commence, Sa Majesté Carnaval (qui représente l'hiver, le froid, la tristesse...) arrive sur la place Masséna. Il annonce l'ouverture des festivités et prend les clés de la ville. Il y trônera pendant toute la durée du Carnaval. Le dernier soir, il défile seul une dernière fois, avant d'être brûlé sur un bûcher en mer ou parfois sur la grève. Un feu d'artifice sonorisé inspiré du thème est alors tiré sur la baie des Anges. L'hiver est alors officiellement terminé et on annonce les couleurs du Printemps ! La bataille de fleurs.

Alphonse Karr, écrivain français d'origine allemande, est à l'origine de la première bataille de fleurs en 1876. Passionné par les fleurs, il souhaitait un spectacle pendant lequel les gens se jettent, lors d'une bataille imaginaire, d'odorants bouquets.

Aujourd'hui encore, un corso de bataille de fleurs comprend un défilé de quelques trente chars entièrement fleuris et illustrant un thème allégorique. La décoration est faite à la main, à l'aide des pétales de milliers de fleurs, collés un à un, dans la nuit et la matinée qui précèdent chaque "bataille". A Nice, le Carnaval crée un univers de rêves et de fantasmagories.

Inspiré de thèmes traditionnels : allégories, bestiaires, pastiches d'événements politiques et sociaux, satire locale. Puis, peu à peu, le règne du Roi Carnaval révèle un nouvel univers de soleil et de féérie. À ne pas manquer pour fêter le printemps !

Le Carnaval de Nice a lieu au mois de février durant deux semaines incluant trois week-ends.