Poisson d'avril

Poisson d'avril, accrochez-vous ça va rigoler !

Poisson d’avril

Le 1er avril, toutes les blagues sont permises !

Mais pourquoi ce jour-là les élèves collent des poissons en papier dans le dos de leurs professeurs ? Pourquoi les médias relayent à longueur d'écran des informations aussi fantaisistes qu'improbables ?

Depuis quand et comment cette bonne occasion de prendre la vie du bon côté et de multiplier les facéties a t-elle évolué ?

Selon que vous habitiez en Europe ou en Amérique, en France ou en Espagne, le 1er avril n'évoquera pas les mêmes images.

Origine : de la friture entre les lignes !

Attaque de petits hommes verts, photo du yéti, désintégration des impôts... le 1er avril, les journalistes rivalisent d'imagination pour colporter fausses nouvelles et plaisanteries. Est-ce parce que longtemps, on a enveloppé le poisson dans du papier journal ? Rien de moins sûr...

Et pour cause, les origines des canulars du 1er avril et de l'utilisation du poisson restent assez obscures.

Une première version avance que pendant le Moyen-Âge, avant l'instauration du calendrier grégorien encore en vigueur aujourd'hui, le début d'année était célébré du 25 mars au 1er avril, juste après l'équinoxe de printemps du 21 mars. Et comme le 1er avril arrive souvent à la fin du carême chez les chrétiens, offrir un poisson, un plat de jeûne, aurait alors été un cadeau de mauvais goût, une farce en quelque sorte, alors que faire bombance était de nouveau permis après 40 jours de privation.

Une explication plus profane avance que fin mars, on ne pêchait plus le poisson car c'est sa période de reproduction, on offrait donc à de faux poissons à la place. Une autre version explique qu'en astrologie le poisson est le dernier des douze signes du zodiaque et aussi le dernier de l'hiver...

Difficile donc d'assurer ce qui est véritablement à l'origine des petits poissons et des blagues du 1er avril.

Quoi qu'il en soit, de la Rome antique à l'Inde, en passant par les cultures chrétiennes, le début du printemps était marqué par de nombreuses fêtes, souvent extravagantes. Le mélange des cultures, aux alentours du XVIe siècle, aurait contribué à créer cette journée un peu folle, faite pour les fous.

Pratiquée un peu partout dans le monde, elle porte différents noms selon les pays : "April Fool's Day", le jour des fous d'avril, chez les Anglo-Saxons, "Aprilscherz", canular d'avril, en Allemagne, "Dia das mentiras", jour des mensonges, au Portugal, le "Pesce d'aprile", le poisson d'avril, en Italie....

Une chose est sûre en tout cas : le 1er avril, c'est le bon jour pour ouvrir les vannes à farces.

Quand la farce attrape le canular !

Le 1er avril est donc l'occasion de prendre la vie du bon côté et de surprendre collègues et amis par des petites facéties.

Et si, en France et en Italie, on se décroche les zygomatiques en accrochant des poissons dans le dos, dans d'autres pays c'est surtout la tradition du canular qui persiste.

Le "April's Fools Day" en Angleterre

On le sait, nos voisins d'outre-Manche, sont passés maîtres dans l'art de la duperie et de l'humour "so british".

En Angleterre, vous n'êtes censé faire des blagues que le matin du 1er avril. Si on se fait piéger, on est une "nouille". Par contre, si vous faites une blague l'après-midi, on vous appelle alors "April's fool", l'idiot d'avril.

Les exemples de canulars du 1er avril ne manquent pas chez les honorables sujets de Sa Majesté. Mais celui concocté par Tesco, célèbre chaîne de grande distribution britannique, est particulièrement savoureux : cette dernière avait fait paraître, dans le tabloïd "The Sun", une publicité annonçant la vente d'un légume génétiquement modifié : "The whistling carrot", autrement dit la carotte sifflante ! On y expliquait très sérieusement que la carotte poussait avec des trous, comme ceux d'une flûte et qu'elle émettait donc une mélodie lorsqu'on la cuisait... Effet drolatique garanti !

Mais il n'y a pas qu'en Angleterre qu'on se livre à cette cascade de canulars. Au Mexique, cette journée est fixée au 31 mars, tandis qu'en Ecosse, on peut se faire prendre le 1er mais aussi le 2 avril. La coutume existe également au Danemark, aux Pays-Bas, en Belgique, au Canada, en Italie, en Pologne, au Portugal, aux Etats-Unis, en Suisse, en Suède, en Finlande et même au Japon.

Le Jour des Saints Innocents en Espagne

En Espagne, c'est tout au long de la journée du 28 décembre que les blagues sont autorisées. Cette date commémore à l'origine le massacre des enfants perpétré par le roi Hérode. Croisé avec des rites profanes, le 28 décembre est devenu le jour des plaisanteries et des canulars, à la manière du 1er avril.

C'est l'une des traditions les plus populaires des fêtes de fin d'année, à tel point que l'on peut acheter des farces et attrapes, perruques, poils à gratter ou encres invisibles, sur les marchés de Noël.

Comme dans d'autres pays, les journalistes diffusent des canulars basés sur des informations insensées.

Et si en France et en Italie on accroche un poisson dans le dos des innocentes victimes de blagues, en Espagne il s'agit d'un bonhomme en papier blanc : ce sont les "inocentadas".

Dans plusieurs régions d'Espagne, le 28 décembre est également l'occasion de nombreuses festivités, toutes un peu folles. Par exemple la fête de "Los Locos" de Jalance, dans la province de Valence, où le maire des fous gouverne la municipalité pendant 24 h ; à la fête "El Obispillo" qui a lieu à Burgos, Palencia et Murcie, un enfant est élu pour exercer toute la journée les fonctions d'évêque ;

ou encore la "Festa dels Enfarinats" d'Ibi, dans la province d'Alicante, durant laquelle se déroule une bataille avec des oeufs, de la farine et des pétards.

Le festival de couleurs "Holi", en Inde.

La journée des fous peut aussi prendre d'autres couleurs. Un peu plus loin de chez nous, en Inde, a lieu la fête de "Holi" qui, à l'origine était la fête de la fertilité. Elle célèbre l'arrivée de la nouvelle année au moment de l'équinoxe de printemps et rappelle aux Hindous les exploits de Vishnou sur le démon Hiranyakashipu. Elle est surtout l'occasion de s'amuser avant la dure période de plantations.

Chaque année, début mars, les "Happy Holi !" retentissent et le pays se transforme en immense terrain de jeu où les habitants, tout habillés de blanc, s'aspergent d'eau et de poudres de toutes les couleurs : du vert pour l'harmonie, du rouge pour l'énergie et l'amour, de l'orange pour l'optimisme...

Fête familiale, joyeuse et colorée, "Holi" est ainsi une fête assez peu religieuse, sans prières, ni rituels sacrés. Elle suscite vraiment la liesse populaire et c'est l'une des rares occasions où tous, petits et grands, femmes et hommes, castes différentes, s'amusent ensemble dans la rue.

Pendant cette belle journée de fraternité, plus de classes sociales, plus de différences, on s'échange des bonbons et des cadeaux et l'harmonie règne.

Sans blague, partout dans le monde, on adore faire les fous !

Des fêtes où toutes les farces sont permises, durant lesquelles toutes les barrières peuvent tomber et dont le premier parti est celui d'en rire : il y en a donc partout dans le monde.

Et chez nous, en France, on attend avec impatience le jour des plaisanteries, des canulars et des poissons qui s'accrochent dans le dos.

Alors vivement le 1er avril... et ce n'est pas une blague !